Témoignage #4 : Retour d’expérience du SAVS et du SAMSAH de l’ADAPEI 79
Tout comme les collègues du secteur du médical, les travailleurs sociaux sont eux aussi en première ligne dans cette crise du covid-19 . Nous savons que les établissements médico-sociaux qui accueillent des publics vulnérables se retrouvent souvent dans des situations délicates quant à l’accompagnement de ces publics. Le M.A.I.S souhaite donc vous exprimer tout son soutien dans cette crise et vous enjoindre à prendre soin de vous, de vos collègues et de vos proches.
Afin de vous donner une voix et un espace d’expression, à vous, professionnels du terrain en ces temps compliqués, nous vous invitons à nous envoyer vos témoignages que nous relaierons sur nos différents réseaux. Racontez-nous votre quotidien et la conséquence de cette crise sur votre travail, les moyens dont vous disposez et ce que vous avez réussi à inventer pour continuer à fonctionner.
Témoignage #4 : Retour d’expérience du SAVS et du SAMSAH de l’ADAPEI 79
Au SAVS
Organisation du travail (votre quotidien, télétravail, bureau) :
- Télétravail - 2 temps distincts :
- un travail de bureau sur l’ordinateur, avec accès à la boite mail pro + outil «Ogirys »
- un travail lié aux différents appels téléphonique
Horaires identiques de temps de travail par rapport à avant le confinement.
- Mise en place d’une permanence téléphonique le vendredi (de 9h à 19h + des appels sur cette journée convenus avec des suivis).
- VAD et sortie quand il y a un risque pour la personne lié à l’isolement.
- Dépose des documents directement dans les boites des usagers (feuilles dérogatoires) et/ou rencontre à l’extérieur du logement avec le respect des distanciations et utilisation masque, gel et gants si besoin de rentrer.
Moyens dont nous disposions :
- En télétravail
Gel, masques, gants
Ordi portable pour quelques salariés et téléphone professionnel
Véhicules
Utilisation de teams (visio)
- Au bureau
Ordinateur poste fixe (+ internet) sans WEBCAM
Téléphone portable sans internet
Bureau individuel avec : un poste d’ordinateur, un poste téléphonique
Messagerie professionnelle mise à disposition par l’ADAPEI
Mes fiches contacts avec les différents partenaires pour les différents suivis
Outils produits par CDS (tableau suivis des appels) (+ documents d’informations fournis par CDS et les collègues)
Ce que nous avons pu inventer pour continuer à fonctionner et accompagner les personnes :
- Développer l'utilisation des SMS pour les pers qui préfèrent ce mode de communication en raison du confinement (discrétion des échanges...).
- Mise en place de passages régulier en direct pour donner les attestations au compte-goutte, ainsi avoir un échange visuel avec certain.
- Mise en place de balades « de déconfinement » pour permettre à la personne et à son entourage de souffler et mettre un rythme avec des échéances.
- Fixer des petits objectifs pour continuer à se mobiliser : échange de recettes de cuisine, photo des réalisations culinaires, artistiques.
- Echanges sur leurs programmes TV, musiques, lecture. Visites de musée par internet….
- Nouveaux moyens d’échanges avec certaines personnes : mail et téléphone qui n’étaient pas des moyens appréciés auparavant.
- Utiliser les centres d’intérêt pour trouver des occupations (maquette, mandala/dessin, mot mêlés).
- Travail de partenariat avec l’ESAT, les aides à dom, les mandataires judicaires encore plus rapprochés. Utilisation du guide "recommandations pour l'accompagnement par téléphone".
Les difficultés rencontrées :
- Impossible de chercher et trouver un logement en location en « urgence ».
- Retard du courrier.
- Difficultés d’accès à certains dossiers enregistrés uniquement sur la session de travail sur mon bureau pro.
- Réunions équipes hebdomadaires annulées ; lien avec collègues et responsable de service par tél. Le lien avec certaines personnes accompagnées est déjà fragile. Cette situation a amplifié le phénomène.
- Problème de fonctionnement informatique en raison d'ordinateur perso obsolète ou de saturation des réseaux internet.
- Problème de réseau téléphone mobile au sein du domicile perso.
- Autour de la parentalité : évaluation des risques plus compliqués.
- Des violences au domicile signalées.
- La communication non verbale fait défaut.
- Le travail d’observation lors des visites n’est pas mis en place (l’environnement apporte des éléments importants pour évaluer la situation de la personne accompagnée).
- On ne peut pas utiliser d’outils visuels pour faciliter la compréhension des personnes accompagnées.
- Vigilance pour ne pas créer un besoin.
- Concilier télétravail et garde d’enfants.
Les conséquences positives pour les personnes accompagnées :
- Les mandataires judiciaires sont plus disponibles.
- Appels plus fréquents du SAVS.
- Certaines personnes ont eu des nouvelles de proches pour lesquels elles n’avaient plus de contact.
- Une personne a pu se rendre à la pharmacie seule (ce qu’elle n’aurait pas fait auparavant).
- Une personne a retrouvé gout à s’alimenter (sollicitation ++ d’un éduc ESAT qui l’a joint par tél tous les jours). Cette personne indique qu’elle n’est plus stressée par le travail et donc peut penser et faire à manger.
- Les personnes nous trouvent plus disponible et attentive qu'à l'habitude. Oreille attentive.
- Reprise de contact avec des personnes qui étaient dans la fuite.
- Pour certains accompagnements le confinement ne change pas leur quotidien, certains même le vivent plutôt bien comme une expérience pour nous accompagnateurs et environnement.
- Certaines personnes profitent du confinement comme temps de répit (fatigue physique exprimée, vacances lointaines pour certains).
- L’après dé-confinement permettra de voir s’il y a une évolution de l’autonomie ou une régression.
- Pour une majorité de personnes accompagnées, le confinement est bien vécu.
- Gêne exprimée par une personne par rapport à la difficulté de se déplacer mais elle a su trouver des adaptations par elle-même.
- Echange facilité/timidité d’une personne accompagnée.
- Mise en action possible du fait du confinement et prise d’initiative, réflexion et recherche de solution.
- Développement d’une aide et de relation avec les voisins.
- Ont appris à se poser, à vivre le moment présent.
- Pour certains à ne pas avoir le stress du travail, envisager de travailler moins ou de partir à la retraite.
- Le rythme de la lenteur peut convenir à certains (autisme) et pour les autres de mieux comprendre la nécessité de ralentir.
- La VAD du SAVS très attendue car moment de convivialité avec une personne connue.
- Provoqué une ouverture sur les autres, de l’empathie pour les gens malades, pour l’entourage.
- Ont pris la mesure de leur rôle de citoyen.
- Pour certaines personnes qui utilisaient peu le téléphone sont + à l'aise maintenant et utilisent même la messagerie.
Les conséquences négatives pour les personnes accompagnées :
- Appels moins fréquents du SAVS après le confinement.
- Violences conjugales signalées.
- Troubles anxieux accentués pour certains.
- Compensation par la nourriture et/ou l’alcool.
- Isolement, manque de lien.
- Difficultés pour certains pour compléter les attestations de sortie.
- Difficultés de compréhension du sens du confinement.
- Hospitalisation psy (liée à autre évènement et amplifiée par confinement/isolement).
- Réduction importante des temps d’accueil à l’hôpital de jour conduisant à de l'isolement et de l'anxiété.
- Arrêt de certains projets => réussir à se remobiliser.
- La crainte liée au déconfinement et aux risques d’attraper le virus.
- Les visites à domicile et les RDV au bureau manquent à chacun.
- Le confinement renforce certaines problématiques (peur de sortir, peur de la maladie, peur des contacts physiques avec autrui).
- Il semble que certains sont en train de se replier sur eux, un peu plus.
- Sentiment profond de solitude malgré les appels.
- Peur de mourir pour les personnes qui se savent fragiles.
- Les informations télévisuelles très anxiogènes.
- Retour des addictions.
- Pas de travail.
- Difficultés à occuper tout ce temps libre
- Perte de liberté / au confinement : ne pas sortir quand l'on veut.
- Pour les personnes très ritualisées réorganiser cet espace-temps avec eux.
- Pas de courses alimentaires de peur d’être malades, voir trop d’angoisse pour effectuer menus ou courses.
- Difficulté à respecter le confinement.
- Relation de couple remise en question.
- Relation voisinage altérée.
- Certains suivis ont pu exprimer que les appels téléphoniques étaient vécus comme infantilisants. Certains même ne décrochant pas du tout ou filtrant.
- Angoisse de ne pas être payés par l’ESAT.
- Angoisse de ne pas avoir de vacances d’été.
Au SAMSAH
Organisation du travail (votre quotidien, télétravail, bureau) :
- Télétravail avec accès aux messageries professionnelles et dossier informatisé individuel.
- Horaires maintenus ou modifiés selon les professionnels (laissé au jugement de chaque pro.).
- Visio pour les réunions avec teams et travaux sur projets en cours avec les collègues.
- Passages au bureau pour certains professionnels (seuls dans ces cas-là et sans accueil sur la phase de confinement).
Moyens dont nous disposions :
- Téléphone portable professionnel + ordinateur portable professionnel ou ordinateur personnel.
Ce que nous avons pu inventer pour continuer à fonctionner et accompagner les personnes :
- Réunions en visio.
- Entretiens téléphoniques.
- Fréquence des contacts plus rapprochée et sujets abordés plus vastes.
- Plus disponible au quotidien pour contenir et permettre l'expression du vécu pendant cette période particulière.
- Plus de partages personnels et émotionnels vu la situation vécue similaire : partage d'infos sur le corona, crainte et espoir / virus, vécu du confinement et adaptation nécessaire, solutions possibles à mettre en place pour mieux le vivre...
Les difficultés rencontrées :
- C’est plus difficile d’évaluer une situation à distance et sans le visuel.
- Pas de possibilité d’utiliser des supports visuels.
- Logorrhées de certaines personnes qui profitent de l’appel pour « déverser ».
- Difficulté pour se replonger dans les projets en cours.
- L'absence du lieu et cadre de travail habituel était un peu déroutante au départ (tendance à la dispersion) mais je m'habitue et trouve d'autres repères.
- Avec teams, la communication est moins évidente et le fait de ne voir que 5 personnes en même temps. Je trouve cela très fatigant, ça me demande beaucoup d'énergie (encore plus qu'une réunion classique).
Les conséquences positives pour les personnes accompagnées :
- Les PA se sentent particulièrement soutenues et épaulées par le SAMSAH, ça renforce le lien de confiance et diminue les craintes et le sentiment d'isolement.
- Instauration d’une relation de confiance pour des personnes en demande d’accompagnement aussi.
- Les personnes accompagnées vivent cette période plutôt sereinement (à ce jour). Cela met en évidence des compétences et des ressources.
- Une étape en plus vers la prise de confiance : « on est tous dans le même bateau ».
- Les personnes expriment que leur situation n'est pas mieux mais pas pire qu'avant. Pas d'angoisses exprimées en lien avec le COVID, le confinement.
Les conséquences négatives pour les personnes accompagnées :
- L'absence de relation "réelle" peut être déroutante pour ceux qui auraient besoin d'un ancrage dans la réalité et qui sont très isolés, ce qui représente peu de personnes actuellement.
- Les usagers sont dans la plupart des cas habitués à l’isolement. Donc jusqu’à présent je ne vois pas de difficultés pour eux.
- Pour d’autres, il est encore un peu trop tôt pour le dire je crois. Il faut davantage de recul.
- Dans certains cas, expression d'une "gêne" par rapport à l'impossibilité de faire certaines démarches mais pas de difficultés particulières.
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