« L’idéologie de « l’Homme Economique » avec les objectifs mercantiles qu’elle promeut, ébranle les fondements du Travail Social et singulièrement la finalité de l’Accompagnement Social. La marchandisation, l’expertise, la survalorisation de l’obligation de résultat à court terme, la pression économique affectent tous les domaines de l’action sociale et éducative.
Certes, notre secteur reconnaît la légitimité de l’exigence gestionnaire nécessitant un cadre financier rigoureux, comme une des conditions majeures de l’efficacité institutionnelle. Mais les valeurs de Solidarité et de Lien Social sont mises à mal par un modèle libéral destructeur pour les plus faibles et les plus démunis, modèle qui concilie trop rarement exigence économique et impératif éthique.
Jusqu’où pouvons-nous aller ? Comment les travailleurs sociaux peuvent-ils se subordonner à ces orientations à dominante comptable sans risquer de renoncer aux valeurs qui fondent leur identité ?
Accompagner nécessite un échange singulier et global à la fois, un et multiple, où la part de l’histoire de chacun ouvre sur l’aventure incertaine et difficile de nos libertés.
Compagnons de ces voyages souvent chaotiques et fragiles, nous devons à nouveau questionner nos représentations des personnes accompagnées : la mise en danger du sujet en tant qu’être de désir et de changement implique la responsabilité de tous .Sans reconnaître que la liberté de l’autre commence en même temps que la mienne, dans un mouvement de nécessaire réciprocité, nous ne résisterons pas longtemps à ces logiques de guichet, réduisant un individu à sa seule capacité consommatrice. Il y va de la survie du Travail Social et de l’Accompagnement tels que le M.A.I.S. les définit et les soutient.
Ces journées 2010, à Beaune, marqueront notre refus de l’écrasement du sujet au profit de la seule valeur marchande qui le conduit et le cantonne à une dimension résiduelle.
Nos travaux questionneront les lignes de force constitutives de l’Accompagnement au regard de la logique marchande qui menace les valeurs du Travail Social ; ils élucideront les composantes qui traversent aujourd’hui les dispositifs juridiques, législatifs et réglementaires pour en exhumer les données positives et les dérives à combattre ; ils engageront réflexions et débats pour traduire ces prises de conscience dans les pratiques institutionnelles et individuelles qui aspirent à être revitalisées ».