Nos sociétés, parfois qualifiées de post-modernes, ont traversé ce que François de Singly nomme le « tournant personnel de l’individualisme ». Cette singularisation de la notion d’individu, si elle a d’abord été portée par un désir d’émancipation, s’est peu à peu modifiée pour voir ériger en modèle la figure néolibérale d’un individu autonome et responsable. Ce modèle a eu des retentissements importants dans l’organisation de nos sociétés, et dans celle du travail social.
Ce double mouvement d’émancipation/responsabilisation, orienté par les politiques sociales et porté par les professionnels, se traduit dans de nombreuses formes d’accompagnement. La « transformation de l’offre » impulsée par les pouvoirs publics impose à la personne de réussir son inclusion, d’activer son pouvoir d’agir, au risque de l’abandon social et de la culpabilisation.
Ces logiques s’appliquent aux personnes accompagnées mais aussi aux professionnels, toutes fonctions confondues. Ce « forçage » n’est pas sans conséquence sur le secteur : les travailleurs sociaux ne sont plus entendus, les cadres se sentent isolés, les employeurs ne trouvent plus de candidats pour pourvoir les postes vacants, les étudiants ne se bousculent plus aux portes des écoles du travail social. Le sens de l’accompagnement social, tel qu’il est défendu par le MAIS, doit être plus que jamais au cœur de nos préoccupations éthiques.
• N’avons-nous plus rien à faire ensemble ?
• Sommes-nous voués à orienter l’individu dans une forêt de dispositifs ?
• La performance est-elle devenue notre seul horizon de travail ?
• N’y-a-t-il de pouvoir d’agir que celui que l’on renvoie à l’individu ?
• La question du Sujet vaut-elle encore la peine d’être posée ?
Dans ce contexte, placé sous le joug du « tout inclusif », le travail social cherche pourtant à se réinventer. Une alternative s’offre à nous, celle de retravailler le commun, comme le définit Pascal Nicolas-Le Strat, c’est à dire « d’explorer de nouvelles manières d’être en commun et de faire ensemble », allant à l’encontre de l’individualisation des problèmes sociaux et de la recherche de performance. Développons un pouvoir d’agir collectif, autour de ce qui réunit les professionnels et les personnes concernées.
Nous vous invitons à explorer comment et en quoi l’accompagnement social, tel que le M.A.I.S le conçoit, peut contribuer aujourd’hui à définir une société résolument inclusive, tournée vers la réappropriation de nos espaces communs.