Le risque est inhérent au fait de vivre : il serait vain de vouloir s’y soustraire !
En France, l’Etat Providence est longtemps apparu comme la figure centrale de la solidarité nationale : il est – encore - assuré à chaque citoyen une couverture générale des risques sociaux (maladie, vieillesse, handicap, chômage…). La politique actuelle qui relève plutôt d’un « état libéral autoritaire » appelle l’idée d’un individu devant conduire sa vie et en assumer seul les avatars.
De cette « modernité » résulte une accélération du processus d’individualisation : « Vous êtes responsable… y compris de votre malheur ! » ; elle incite au recours à l’assurance personnelle, à la frilosité de l’action, voire à la peur de la sanction. La précaution érigée en principe soutient la trame de notre société. Paradoxalement, les libertés se trouvent rognées au prétexte de les défendre.
En Europe, un ensemble de normes, de nouvelles règles de concurrence et beaucoup d’incertitudes, viennent interroger notre futur.
Pourtant, une responsabilité assumée suppose une possible prise de risques quelles qu’en soient les conséquences, c’est un impératif éthique : sujets responsables, notre vie est notre cause …
Dans le cadre spécifique du champ de l’accompagnement social :
- Pour la personne accompagnée, engagée à développer ses capacités d’autonomie, le risque, c’est accepter de perdre une part de sécurité pour un dépassement de soi, c’est oser l’aventure du lendemain…c’est risquer l’insertion !
- Pour les professionnels de l’accompagnement social, un positionnement éthique les confronte aux paradoxes de deux exigences : la responsabilité prise dans un engagement personnel à l’égard des usagers et l’obligation exigeante du service à rendre…finalement comment accompagner le risque ?
Ces journées seront l’occasion d’échanger et de construire sur ces questions avec nos collègues européens, l’occasion de donner, dans son incertitude, la mesure de l’accompagnement personnalisé.
L’enjeu est de taille, mais le risque est à prendre : c’est un choix éthique !
Sans se soumettre au diktat de l’obligation de résultat, affirmons nos convictions du principe de solidarité, inscrivons nos réponses professionnelles dans le respect de l’obligation de moyens, apportons à la personne accompagnée la possibilité de prendre le risque … « de vivre sa vie ».