De l’intervention au domicile à l’accompagnement de «l’être chez soi» ? Les enjeux de la singularité.
Téléchargez ci-dessous :
--> la restitution de l'enquête de satisfaction
--> l'article de Célia Carpaye publié dans le Lien Social n°1216 : "Les frontières de l'accompagnement"
FIL ROUGE
VIGNETTE 2 - Son logement, son chez-soi ?
VIGNETTE 3 - La parole des professionnels
VIGNETTE 4 - L'accompagnement à domicile, un choix ?
VIGNETTE 5 - La multiplicité des intervenants
VIGNETTE 6 - Quand être accompagné.e?
LE THEME
Au cours des dernières décennies, l’évolution des demandes et des besoins, mais également l’impulsion forte des politiques publiques, ont institué le domicile comme le lieu privilégié de l’intervention sociale.
Ainsi s’est progressivement structurée une offre de services très variée: Services d’Accompagnement à la Vie Sociale, Services d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés, Services d’Aide et d’Accompagnement à Domicile, Services de Soins Infirmiers A Domicile, Hospitalisation A Domicile, etc. Autant de nomenclatures et de missions diverses qui viennent signifier la complexité et les enjeux autour du domicile.
Parler du domicile, c'est parler à la fois de maison, d'appartement, de logement, de lieu de vie, d'habitat, d'abri, de nid, de refuge, de chez soi, etc. Des termes qui semblent décrire une réalité des plus banale, celle d'occuper un espace. Pourtant face à ce champ lexical au sein duquel chaque mot semble être synonyme, l'habiter recouvre des significations singulières où se croisent une dimension matérielle (l'édifice lui-même), une dimension psychique (l'abri, refuge, l'idée de protection) et pour finir une dimension sociale (apportant une reconnaissance au sein de la société).
Comme le souligne le sociologue Bonetti (1994) «tout individu est confronté à une multitude d'espaces, ayant chacun des fonctions et des significations particulières». Dès lors, chacun de nous est situé à l'intersection de ces espaces qu'il faut parvenir à articuler et faire tenir ensemble en essayant le plus possible de ne pas «se cogner» (Pérec 1974).
Des espaces où le travail s’effectue à l’abri des regards, dans une forme de colloque singulier où la confiance tient une place importante. Un travail caché donc, dans un contexte qui, pourtant, réclame d’être évalué.
Les personnes que nous accompagnons accueillent chez elles des infirmiers, des travailleurs sociaux, des auxiliaires de vie, des mandataires judiciaires, des kinésithérapeutes et bien d’autres... Le domicile, creuset du travail pluridisciplinaire, est le lieu de rencontre de multiples professionnels aux missions différentes qui se croisent sur le seuil, frontière en pointillés avec l'extérieur.
Cette riche pluridisciplinarité génère du trouble pour nombreux acteurs et personnes suivies : « Vous êtes comme les services à domicile, que faîtes-vous ici si ce n'est pas pour le ménage ou le repas ? Ce monsieur a déjà une auxiliaire de vie, à quoi sert l'éducateur... ?»
Trouble également pour les observateurs extérieurs : comment rendre compte de ce travail, le rendre lisible et appréhendable, tout en tenant compte de l'évolution des modalités d'habitat (pension de famille, collocation) ?
En quoi la difficulté à faire cohabiter nos spécificités et construire de la cohérence vient-elle influencer l'accompagnement aujourd'hui?
Au-delà de l’accès à ou du maintien dans, au-delà de l’intervention, il nous semble fondamental d’interroger ce que peut être la notion d’accompagnement au domicile ; ce que peut signifier la rencontre dans cet espace privé ou vers la construction d’un espace intime, l’affirmation d’une singularité et l'acceptation de soi pour aller vers l'autre.
Car l'accompagnement au domicile ne vise-t-il pas in fine l'insertion sociale?